Dans un contexte de brouillard de guerre et/ou de surcharge informationnelle, certains journaux tirent leurs lecteurs hors de l’eau.
Visualisation de données, statistiques, contenus interactifs, .. Ces journaux ont réalisé que les technologies peuvent détricoter l’information, relater des faits en quelques secondes et infine augmenter l’engagement de ses lecteurs.
Marquons un temps d’arrêt sur l’évolution du journalisme ces dernières années, avec notamment l’ouverture vers de nouveaux métiers.
Vous trouverez en fin d’article une série de sources pour mieux comprendre ce marché.
#1 Certains enjeux du journalisme aujourd’hui
La perte d’usage de la presse (Source : Statista)
Une étude Reuters (reprise par Statista ci-dessus) pointe du doigt les évolutions dans la consommations des médias. Outre le fort déclin du print (on devrait voir les ventes reculer de 4,3% d’ici 2022), le numérique est prédominant chez les nouveaux lecteurs (qui l’eut-cru ?).
Les journaux cherchent à fidéliser le lecteur et véhiculer un fort engagement de celui-ci sur les contenus créés. Pour cela plusieurs tendances : l’apparition de nouveaux formats (Live, story sur les RS, .. ), l’évolution des maquettes de journaux pour rajeunir leur image, l’utilisation de nouvelles technologies, ..
Un travail permanent au sein de nombreuses rédactions, est celui de bâtir une confiance autour des informations véhiculées et de leur véracité. Ainsi, les journaux effectuent un travail de fond pour lutter contre la désinformation. (La donnée est d’ailleurs un moyen d’y arriver)
Un point central également est la recherche de nouveaux business model. Non seulement pour s’adapter aux nouveaux formats de consommation, mais aussi pour répondre aux baisses de certaines lignes de revenus des acteurs historiques (ndlr : Sources de revenus : Abonnement & Achats, Publicité, Subventions de l’état). En effet, les revenus de la presse quotidienne ont chuté de moitié (-44%) en dix ans (3,69 Mds € en 2010 contre 2,07 Mds € en 2019). Par ailleurs, la pression des GAFA et leurs mains mises sur le trafic numérique (qui captent les deux tiers des investissements publicitaires), pousse les médias à se ré-inventer. Par exemple avec l’arrivée de Digital Add Trust, Gravity ou encore Skyline)
#2 - Les petits deviendront grands
Des nouveaux entrants ont un développement rapide ! (Source : Les Echos Start)
Dans ce contexte, certains nouveaux entrants se font une place où les médias historiques peine à atteindre leur cible. C’est le cas de Brut, média français aux vidéos virales lancé en 2016, présent depuis 2018 au états-unis qui compte désormais répliquer son modèle à l’international. Ils viennent d’ailleurs pour cela de réaliser une très belle seconde levée de fonds auprès de Red River West d’Artémis et Blisce.
Les acquisitions dans le secteur des médias vont bon train. Il y a peu, le NewYork Times s’est offert Audm, une application qui permet de transformer les articles de presse plutôt longs en histoire audible. Le travail de mise en forme autour du contenu écrit est un axe fort de développement de l’offre des éditeurs.
Sur un autre support, on peut parler de l’acquisition de Ryot par le HuffingtonPost, grâce à qui le journal propose aujourd’hui une nouvelle offre. Celle d’une gamme entièrement nouvelle de contenus, qu’il s’agisse de réalité virtuelle, de longs-métrages ou de vidéos 360°.
#3 - De nouvelles compétences pour de nouveaux contenus
Nouvelle chaîne de valeur de l’information ?
Ces derniers temps, de nouveaux contenus enrichis se sont propagés sur la toile. Voici ci-dessous, des exemples de data-journalisme du NewYork Times où la donnée est mise au service du lecteur pour une expérience interactive :
Article intéressant sur le Covid (Promis ça vaut le coup d’y jeter un oeil)
Leurs autres articles sont d’ailleurs disponibles sur leur page dédiée.
Le data-journalisme n’est pas nouveau, il est de retour ! (Source : Visual Capitalist)
Mais comment font les journaux pour proposer ces contenus ?
Les compétences nécessaires pour réaliser de tels articles sont bien différentes de celles communément apprises en école de journalisme. En effet, que ce soit pour le traitement des données, leur visualisation et l’accès en lecture, les équipes doivent par exemple maîtriser les technologies suivantes : QGIS mapping software, Microsoft Excel, Adobe Illustrator, HTML, CSS, Javascript, Planet satellite imagery, DigitalGlobe images, ..
D’ailleurs, selon le Columbia Journalism Review sur 113 écoles interrogées, seules 59 (52,21%) proposent au moins 1 cours de data-journalisme. La majorité de ces cours couvrent l’utilisation de feuilles de calcul pour l’analyse de données. Pour ce qui est de la programmation, les chiffres sont d’autant plus marqués que 87,61% des écoles n’ont pas de cours traitant de technologies autres que HTML / CSS.
Le problème peut à la fois venir de l’aversion aux mathématiques des étudiants, mais aussi du manque d’opportunités en sortie d’école si l’étudiant devait choisir cette voie. #offeranddemand
Rassurons-les, il y a des opportunités :)
Aussi, faut-il préciser que les rédactions forment elles-mêmes leur employés ! En effet, le NewYork Times en parle ici. Entre autre, on apprend ça :
We wanted to help our reporters better understand the numbers they get from sources and government, and give them the tools to analyze those numbers. We wanted to increase collaboration between traditional and non-traditional journalists…
Pour les curieux, ce même journal met à disposition gratuitement du matériel et des ressources pour s’entraîner à ce nouveau métier.
Enfin, comme dans d’autres milieux du journalisme, le travail de ces (équipes de) journalistes est récompensé tout les ans par les data Journalisme award. 🏅
#4 — La collaboration est clef
Le lecteur veut de l’information de qualité, mais ça demande du temps ! En effet, tous les niveaux le journalisme d’investigation prend du temps : recherche de sources, traitement de données, rédaction, mise en forme, ..
Cela semble être intégré par les journalistes du slow journalism, car beaucoup souhaitent proposer plus que de la lecture : de l’immersion. Un rythme en rupture avec la production et la diffusion de l’information classique(en opposition aux médias de réaction).De plus en plus, les rédactions travaillent conjointement sur des sujets d’actualités. Cela s’est vu sur le travail en 2016 sur les Panama Papers où près de 400 journalistes, travaillant pour une centaine de médias dans 80 pays, ont travaillé pendant près d’un an pour exploiter la gigantesque base de données de cette fuite.
Quelles sont les étapes ? Les voici selon Le Monde :
1. Se partager le travail
2. Structurer les informations
3. Chercher et vérifier les informations
4. Diffuser ou nonD’autres projets de ce type : Implant Files, West Africa Leaks, ..
C’est également le cas pour des travaux de data-journalisme ! Quatre grands journaux d’Europe (Le Monde, El Pais, The Guardian et Spiegel) ont lancé The New Arrivalsen 2017. Pendant 18mois, cette alliance a suivi de près les communautés de réfugiés et de migrants nouvellement arrivés en Europe pour illustrer leurs difficultés d’intégration, leur situation humanitaire, leurs aspirations professionnelles et l’impact de leur arrivée sur les pays d’accueil et d’origine. Chaque journal a son regard, et ensemble donnent une vision plus global au sujet abordé.
#5 - Faites parler la donnée
Le travail de data-journalisme s’intègre bien dans une logique de Slow Journalisme comme précisé dessus. Il s’agit avant tout d’être précis et pas nécessairement être le premier à aborder le sujet.
Hi Steve 👋🏻
Dans un Thread, @kansaratva évoque un biais que peuvent avoir les lecteurs face à de l’information qu’on leur apporte. La plupart des gens sont prêts à croire n’importe quoi lorsqu’on leur montre des chiffres et des graphiques.
Pour faire référence à l’image du dessus, dans sa présentation du Mac Book Air, Steve Job présente des chiffres qui semble bluffer tout le parterre de spectateurs. Ce qu’il faut retenir c’est que les données seules ne veulent pas dire quand chose. Le journalisme de données est donc une analyse de données conditionnée par le récit à établir.
Des idées à creuser :
#HS - Les journaux deviendront-ils les plateformes de rédacteurs ?
Substack, quand les particuliers grignotent les part de marché des acteurs historiques
Les modèles d’abonnement ne plaisent pas. Va t’on rentrer dans une logique de pic & choose sans intermédiaire aucun ?
#HS - Les nouvelles technologies, vecteur d’innovation
Techno : Maps, Drone Journalisme, Machine Learning, Augmented Reality, News Games, Sonification, Generative Art, ..
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Articles 📰
https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/le-data-journalisme-une-chance-pour-la-presse-132796 (Les Echos, 2018)
https://siecledigital.fr/2020/03/24/le-new-york-times-soffre-audm-une-appli-qui-transforme-lecrit-en-audio/ (Siecle Digital, 2020)
https://www.visualcapitalist.com/data-visualization-cholera/ (Visual Capitalist)
https://open.nytimes.com/how-we-helped-our-reporters-learn-to-love-spreadsheets-adc43a93b919
https://larevuedesmedias.ina.fr/slow-journalism-quand-les-medias-changent-de-rythme
Etudes 📑
https://fr.statista.com/infographie/9983/sources-dinformations-_-le-fosse-generationnel-se-creuse/ (Statista, 2017)